Le bras de fer qui oppose les religieux et les femmes sur la question de l’obligation du port du voile islamique se poursuit en Iran. Une photo récente provenant de l’Université de Téhéran, relayé par l’islamologue Said Djabelkhir sur sa page faceboook, fait depuis quelques jours le tour des réseaux sociaux.
On peut ainsi voir sur la photo une étudiante « sans voile » au tableau devant un enseignant « religieux » qui… se couvre les yeux !
En Iran, les hommes solidaires des femmes qui refusent de porter le voile
Rappelons que si le mouvement populaire qui a ébranlé l’Iran, à la suite de la mort de Mahsa (Jina) Amini, en septembre 2022, pour un voile « mal ajusté », s’est calmé, la résistance des femmes contre l’obligation du port du Hijab reste toujours d’actualité et prend même de l’ampleur. Un nouveau grain dans la machine du clergé religieux, encouragé par de plus en plus d’hommes.
En effet, dans son édition du 24 mars 2023, Le Monde citant « plusieurs Iraniennes » rapportait que depuis le début du soulèvement qui secoue le pays, le regard masculin sur les femmes qui osent sortir la tête découverte a changé.
Ainsi, pendant des années, Mahnaz (un pseudonyme, comme pour toutes les autres personnes citées dans cet article), une graphiste iranienne de 35 ans, a essayé de s’habituer aux regards réprobateurs des hommes dans la rue, du fait de son foulard, perçu comme pas suffisamment couvrant. Elle s’était résignée à l’idée qu’il n’y avait rien à attendre de ses compatriotes masculins. Mais depuis le début du soulèvement qui secoue l’Iran à la suite de la mort de Mahsa (Jina) Amini, en septembre 2022, pour un voile « mal ajusté », quelque chose de profond a changé dans l’attitude des hommes, affirment Mahnaz et d’autres Iraniennes consultées par Le Monde.
Alors que depuis septembre, de plus en plus de femmes sortent dans la rue les cheveux au vent, la trentenaire dit subir beaucoup moins de commentaires déplaisants de la part des hommes. A la place, « ils me sourient et me remercient pour mon courage, explique Mahnaz. Une fois, j’étais assise sans foulard sur une banquette au centre de Téhéran. Un homme m’a lancé : “Je vous félicite d’être si belle sans ce maudit hidjab. Merci !” »
La manière dont les hommes manifestent leur soutien aux femmes qui osent défier la République islamique et l’obligation du port du voile, principe central du régime de Téhéran, va d’ailleurs au-delà des sourires et des paroles encourageantes. « Dans un Snapp [la version iranienne d’Uber], j’ai demandé au chauffeur s’il préférait que je remette mon foulard », se souvient Mahnaz, qui cherchait ainsi à protéger le conducteur d’une amende et de poursuites judiciaires, ce à quoi s’exposent les propriétaires des véhicules dans lesquels se trouve une femme sans voile. « Le chauffeur, poursuit Mahnaz, m’a répondu : “Absolument pas. Ils peuvent m’envoyer tout ce qu’ils veulent. Vous, les femmes, vous payez le prix de la liberté avec vos vies. Moi, je peux payer une amende. Ce n’est pas grave.” »
La même source rappelle que depuis septembre 2022, au moins 525 civils ont été tués en lien avec la contestation, inédite dans son intensité et son étendue.
L’autre photo…
Dans la même édition, Le Monde rapporte une photo de l’AFP prise à Téhéran le 17 mars 2023.

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