Dans son édition de mardi 3 octobre, le site Radio M rapporte que le service central du crime organisé et de la sûreté de Shaoula a arrêté à Médéa, Ali Benhadjar, cadre du Front Islamique du Salut (FIS) (officiellement dissout, mais dont l’activité sur les réseaux sociaux est toléré. Ses membres ont également été amnistiés par la Justice algérienne et jouissent de leurs droits civiques).
Cette arrestation fait suite à sa diffusion d’un communiqué de presse officiel du FIS portant sa signature en sa qualité de « président du Conseil des cadres du Front islamique du salut », une organisation « non-agréée », mais tolérée sur les réseaux sociaux et connue et suivie de dizaines de milliers d’internautes d’Algérie comme d’outre-mer.
Le fils de Ali Benhadjar, Abdeslem, a indiqué dans une publication sur sa page facebook que son père « est arrêté au niveau du service central du crime organisé de Shaoula depuis le 1er octobre 2023. Il a ajouté que son frère, « Zakaria s’est présenté à ce centre pour voir son père, mais a été empêché au motif qu’il est toujours sous le coup d’une enquête ».
Ahmed Al-Zawi, membre du Conseil des cadres du Front islamique du salut, de la même ville, et Nasr al-Din Turkman, ont également été arrêtés. La même source évoque d’autres arrestations dont le nombre et les circonstances ne sont pas connus.
Le site ajoute que le sympathisant du FIS, Saadi Mabrouk, a également été arrêté dans la wilaya de Tiaret par l’équipe de recherche et d’enquête de la Gendarmerie Nationale après avoir repris et publié ce communiqué. La même source précise que « son domicile familial a été perquisitionné et que le contexte de l’arrestation et l’objet de l’enquête ne sont pas encore connu ».
Communique du FIS
Dans sa même édition, Radio M indique que Ali Benhadjar, président de ce qui est appelé « Conseil des cadres du front islamique du salut », a signé un communiqué de presse dans lequel il dénonce « la division aiguë que connaît le pays en raison de politiques erronées, d’un égoïsme destructeur et d’une cupidité illimitée au sein des rangs de l’élite dirigeante».
Il a également condamné « l’extrême pauvreté économique qui frappe les algériens, visible dans leurs apparences, qu’on ne peut cacher ». Mais aussi « le désespoir qui a contraint jeunes et cerveaux à quitter le pays sans retour à travers l’immigration clandestine collective ». Une situation, explique-t-il, « due à la crise politique étouffante et les restrictions sur les libertés et à la stabilité qui frappent nos institutions et ouvrent la porte à la mise à mal de la vie constitutionnelle et à l’entrée dans le labyrinthe du chaos ».
L’Appel d’Anwar Haddam
Anwar Haddam, un autre poids lourd du FIS, s’est également prononcé dans une publication sur sa page facebook, en date du 2 octobre. Il a indiqué qu' »au moment où le chef de l’état, Abdelmadjid Tebboune entreprend une initiative pour trouver une solution à la crise politique au Niger, et nous l’encourageons dans sa démarche ; au même moment, nos frères cheikh Ali Benhadjar, député élu au parlement algérien pour la ville de Médéa (décembre 1991 en obtenant le meilleur score national) et président du Conseil des cadres du Front Islamique du Salut original, ainsi que le cheikh Ahmed Al Zaoui, député élu d’une localité de la capitale et membre dans le même Conseil, mais également d’autres ont été arrêtés. Et ce, suite à la publication d’un communiqué des cadres du Front signé par notre frère Ali Benhadjar dans lequel il appelle à un dialogue pour trouver une solution à la crise de légitimité du régime politique en Algérie ».
Anwar Haddam indique qu' »à travers cette publication, j’appelle le chef de l’état à assumer directement la responsabilité du dossier de la réconciliation nationale et à le retirer des mains de ceux qui la rejettent. Il nous trouvera pleinement disposés à contribuer à ses côtés et depuis les terres de notre patrie pour résoudre les questions épineuses des vestiges de la crise nationale, notamment celles à caractère humain ».
Le FIS : Dissout et toléré
Rappelons, enfin, qu’au titre de la loi de la réconciliation nationale, les membres du FIS jouissent de leurs entiers droits civiques, certains occupant, de nos jours, des postes au plus haut sommet des institutions de l’état. Bien que leurs activités politiques soient interdites, elles restent très présentes et tolérées par les autorités sur les réseaux sociaux, sous diverses formes, politiques, religieuses, éducatives ou artistiques via des contenus pour jeunes (rap, humour, football…etc.). Ce qui leur a fait largement gagné la bataille culturelle, leur thèse de l’Histoire de la décennie noire étoffée et argumentée au fil des années, étant de nos jours, celle qui jouit de la plus large crédibilité aux yeux de la jeune génération.
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