Le procès de l’ancien président de la JSK, Cherif Mellal, a eu lieu ce dimanche 8 octobre 2023 au tribunal de Sidi M’hemed à Alger. Le procureur de la république du même tribunal a requis à son encontre 5 ans de prison ferme et le verdict sera prononcé dans une semaine, soit le dimanche 15 octobre en cours.
Dans cette affaire, Cherif Mellal est poursuivi pour « atteinte à l’intégrité du territoire national », en vertu de l’article 79 du code pénal algérien qui stipule que « quiconque, hors les cas prévus aux articles 77 et 78, a entrepris, par quelque moyen que ce soit, de porter atteinte à l’intégrité du territoire national, est puni d’un emprisonnement d’une durée d’un (1) à dix (10) ans et d’une amende de trois mille (3.000) DA à soixante dix mille (70.000) DA. Il peut en outre être privé des droits visés à l’article 14 du présent code ».
Dans sa synthèse, le site Radio M rapporte que son avocat, Me Ouassel Abdenour, a dès le début du procès relevé des vices de procédures, notamment « l’illégalité de la fouille électronique » dont a fait objet le téléphone de Cherif Mellal « sans une autorisation de la justice ».

« Appartenance au MAK »
La juge de l’audience a directement interrogé Mellal sur une série de faits, dont des photos qui le montrent, selon elle, avec des responsables du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), classé par les autorités algériennes, comme organisation terroriste, depuis 2022.
Dans le cadre des questions et réponses, la juge a aussi évoqué un poste tweeter (rebaptisé X), de Ferhat Mehenni, président du MAK, citant Cherif Mellal outre une intervention de l’accusé sur une chaine de télévision qui serait proche du MAK et dont le nom n’a pas été cité pendant l’audience.
« Quel était le but de votre intervention sur cette chaine et de quoi avez-vous parlé ? », interroge la juge. « J’ai parlé de la Coupe d’Afrique et du foot. Je n’adhère à aucun parti. Cette affaire n’est rien qu’un acharnement contre ma personne » a-t-il répondu.
Son collectif d’avocats, constitué de Me Iguedad, Me Benkerouf et Me Ouassel, a enchainé avec des questions plus pointues afin de rejeter tous les faits retenus contre lui.
« Vous vous êtes déplacés au studio de la chaine en question ? Où est ce qu’elle a eu lieu ? Quel était le contenu de votre intervention ? Les questions de la chaine étaient-elles d’ordre politique ? Avez-vous visité le studio de la chaine auparavant ? avez-vous parlé uniquement à ce média ? », enchainent les avocats, l’un après l’autre.
« Non je ne suis pas allé au studio de cette chaine, mon intervention a eu lieu au Benin lors d’une conférence de presse dans le cadre de la finale de la Coupe d’Afrique. Je suis intervenu devant la presse internationale pas uniquement cette chaine », répond Chérif Mellal.
Mellal soutient avec détermination « qu’une conférence de presse d’une finale de Coupe d’Afrique ne peut tourner que sur l’évènement sportif lui-même » . « Je suis une personnalité sportive et non pas une personnalité politique. Mes interventions étaient purement sportives » ajoute-t-il. Dans leurs plaidoiries, les avocats ont rappelé que Mellal ignorait la tendance politique de cette chaine de télévision.
Concernant les photos qu’il aurait prises avec des dirigeant du MAK, Mellal affirme qu’il était président d’un grand club sportif et que c’est « normal que les gens prennent des photos avec lui, sans qu’il les connaisse forcément ou qu’il entretienne des relations avec eux ». «Ici même au tribunal de Sidi M’hamed, j’ai pris des photos avec des gens que je ne connais pas ». « Les photos ne se trouvaient même pas dans le téléphone de Mellal mais elles ont été prises des réseaux sociaux », relève la défense.
Et concernant un tweet de Ferhat qui, selon les avocats, dénonçait la mise à l’écart de Mellal de la direction de la JSK, les avocats ont démontré que Mellal n’a rien avoir avec cette histoire du moment qu’il n’avait pas réagi au tweet. « Il n’est pas responsable du tweet de Ferhat. Lui-même a déclaré qu’il ne permettrait à personne d’exploiter la JSK politiquement et qu’il est une personnalité sportive et non politique. Il n’y a aucune preuve que Mellal ait une relation avec le MAK dans le dossier. Est-il possible d’avoir une relation avec le MAK alors que les fouilles n’ont rien établi ?», demande la défense. « Ferhat Mehenni a parlé dans son tweet du club et n’a aucunement dit que Mellal le soutient ! », ont encore plaidé les avocats. « Donnez-nous une seule preuve de sa relation avec Ferhat Mehenni. Condamner des citoyens sur la base de déductions est inacceptable. On ne joue pas avec la liberté des citoyens », martèle Me Ouassel en rappelant que les faits reprochés à son client datant de 2021 sont antérieurs à la période de classification du MAK comme organisation terroriste.
Par ailleurs, les avocats ont posé des questions sur la relation de Mellal avec deux personnes qui ont témoigné contre lui dans cette affaire : il s’agit de Azlef Malik et de Ait Mouloud Djaafer qui sont selon Mellal deux associés avec lesquels il « ne s’entendait pas car il a changé la méthode de la gestion du club en la rendant proche de la vision des supporters ».
Invité par la juge à dire son dernier mot, Cherif Mellal a réclamé l’acquittement et sa réhabilitation.
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