« Les enquêtes de la Police judiciaire sur les feux de forêts se sont soldées par l’arrestation de 16 mis en cause à Tizi-Ouzou et Béjaia, tous membres du mouvement terroriste « MAK » ».

C’est ce qu’écrivait l’agence officielle APS dans une dépêche du 13 septembre 2021. Il s’agit là d’une dépêche parmi d’autres qui expliquaient alors les feux de forêt qui ont frappé l’Algérie, notamment durant l’été 2021 et qui ont ravagé la Kabylie faisant prés de 200 morts et des destructions se chiffrant en milliards de dinars.
Durant cette période, autorités et médias ont, pour expliquer les causes des incendies, pointé du doigt un complot international contre l’Algérie impliquant, tantôt, le Mouvement MAK (considéré comme terroriste par la loi algérienne), tantôt le mouvement islamiste RACHAD, considéré également comme terroriste, ou encore au Maroc et Israël. Des dizaines d’articles de presse faisaient alors la part belle au complotisme et à « des actes criminels et terroristes tentant de déstabiliser l’Algérie, ses valeurs… etc. »
Une approche politique, sécuritaire et complotiste qu’un rapport vient de superbement ridiculiser tant dans l’énumération des raisons des incendies de forêt, aucune trace de complot, d’actes terroristes ou autre impliquant une main étrangère voulant déstabiliser le pays, ne sont évoqués.
Rapport BA-Gouvernement 2023
En effet, selon ce que rapporte le site TSA dans son édition de ce mercredi 15 novembre, la Banque mondiale a élaboré un rapport conjointement avec le gouvernement algérien représenté par la Direction générale des forêts et la Délégation nationale des risques majeurs.

Intitulé « Note sur les forêts algériennes : gestion durable des forêts pour lutter contre les feux de forêts », le document énumère les causes des feux qui frappent les forêts algériennes et on n’y retrouve aucune trace du MAK, de RACHAD , du Maroc ou encore d’Israël tout au long de ses 200 pages.
Le site TSA note dans son article que les feux de forêt sont l’« Objet souvent de spéculations, parfois farfelues, voire même politiques ».
« Pour la période de 2000-2020, les données disponibles officielles montrent que la part des feux de forêt d’origine inconnue serait de 85 %, sur le total des feux de forêt déclarés. La part des feux de forêts intentionnels, difficilement identifiables, serait estimée à 6 % », d’après le rapport de la Banque mondiale.
S’appuyant sur une étude scientifique réalisée dans un échantillon de wilayas, le rapport de la Banque mondiale relève que la majorité des départs de feux de forêt résultent essentiellement de causes anthropiques et volontaires : les feux pastoraux pour le renouvellement des pâturages, l’incinération des décharges non contrôlées, les changements d’utilisation des terres et la collecte de miel.
Aussi, les feux de négligence sont causés, par ordre d’importance, par les jets de mégots de cigarettes, les travaux agricoles (brûlage après nettoiement, brûlage des chaumes), la reprise d’incendie et les activités forestières dans la forêt.
La tragédie des forêts algériennes en chiffres
Rappelons que ce sont quelque 20.000 hectares qui sont consumés par les flammes chaque année en Algérie.
Ces feux de forêts coûtent en moyenne 2,5 milliards de DA pour 35.000 ha de forêts incendiées. En 2021 et 2022, les dégâts matériels (agriculture et habitations) sont estimés à respectivement 15,4 milliards DA et 1,5 milliard de DA.
Les grands feux de forêt (Feux dépassant 100 ha) en Algérie ont pris la vie de respectivement 103 et 54 citoyens en 2021-année ou la wilaya de Tizi-Ouzou a été particulièrement touchée.
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