Début juin, une photo avait fait le tour des réseaux sociaux. On pouvait y voir une longue chaîne de chirurgiens-dentistes devant les locaux d’un importateur d’anesthésie dentaire situé à Baba Hacen (ouest d’Alger). Des centaines de professionnels attendaient leur tour pour obtenir « le sésame » : 2 boites d’anesthésie dentaire.
« Une honte et une humiliation pour le médecin dentiste ». C’est pas ces mots qu’avait réagi le président du Conseil national de l’ordre des médecins dentistes en Algérie Mohamed Reda Dib dans une vidéo postée sur Facebook ajoutant « On a tout prévu , mais jamais un médecin dans une file d’attente pour acheter deux boîtes d’anesthésie dentaire », a-t-il dénoncé.
Pourtant, dans son édition de ce lundi 3 juillet, le quotidien El Watan rapporte que le ministère de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, dirigé par Ali Aoun, et le Conseil national de l’Ordre des médecins dentistes (CNOMD), présidé par le Dr Réda Dib, continuent de s’écharper par communiqués interposés.
Ainsi, si les chirurgiens-dentistes soutiennent mordicus qu’il y a bien une pénurie de l’anesthésie dentaire et exigent, tout simplement, sa disponibilité sans spécification particulière, le ministre qui tente de défendre ses rapports, nie catégoriquement.
En effet, mardi dernier, le ministre a démenti, à partir de la wilaya de Bouira où il était en visite, les informations sur «la rupture de stock» de l’anesthésie dentaire en Algérie. «C’est incroyable dans ce pays. On ne parle plus de pénurie de médicaments parce que la situation s’est stabilisée, alors on a trouvé comme sujet de polémique la pénurie de l’anesthésie dentaire. Il n’y a aucune pénurie. Le produit existe», affirme de manière formelle M. Aoun.
Une déclaration qui n’aura convaincu ni les patients et encore moins les professionnels : «La pénurie de ce produit existe bel et bien. Ce n’est pas quelque chose que l’on peut cacher. Nous demandons juste que l’on nous fournisse l’anesthésie pour que l’on puisse travailler quelle que soit son origine. A aucun moment, nous n’avons exigé le produit français ou espagnol. Ce que l’on veut, c’est la disponibilité de l’anesthésie pour que les malades puissent être soignés», a répliqué le Dr Dib aux déclarations du ministre de l’Industrie concernant l’existence d’un lobby en faveur du produit français.
Pour les commentateurs, si le ministre fait volte-face en mentant et en niant l’existence de pénurie, « c’est pour éviter d’aggraver la situation dans laquelle il s’est lui-même mis ».
En effet, dans un communiqué daté du 8 juin rapporté par le site TSA, le ministère de l’Industrie et de la production pharmaceutique avait bien admis l’existence de la pénurie, en la mettant sur le compte de l’arrêt d’approvisionnement à partir du principal fournisseur : l’Espagne. Pays avec lequel l’Algérie a décidé de geler les transactions commerciales depuis juin 2022, sans prendre en compte qu’il était le principal fournisseur de ce produit et sans avoir prospecté d’autres fournisseurs.
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