Qui décide de ce qui est vulgaire ? En tout cas la décision du ministère de la Culture algérien d’interdire la diffusion des chansons dite « vulgaires » lors des manifestations culturelles en Algérie suscite de nombreuses questions sur les réseaux sociaux.
En effet, dans un communiqué publié samedi 18 février sur sa page Facebook, le ministère de la Culture et des arts a indiqué avoir émis une directive à tous les responsables du secteur pour leur signifier que «toute programmation et diffusion de chansons vulgaires est désormais interdite lors des manifestations culturelles officielles» en Algérie.
Ainsi, la directive exhorte tous les responsables du secteur de la culture d’interdire toute programmation et diffusion de chansons dont les paroles sont contraires aux « bonnes mœurs » et qui constituent un « outrage public à la pudeur ». Selon ce ministére : « Ces chansons incitent à la consommation de drogues et encouragent l’émigration clandestine mortifère ».
“Interdiction de tout chant autre que religieux ou patriotique”
Les internautes n’ont pas manqué de signaler dans leur commentaire que la définition de ce qu’est « une chanson vulgaire » n’est pas mentionnée. « Ce qui ouvre la porte à toute les spéculations et détournements, notamment de la part des tenants des courants conservateurs et religieux dont le pouvoir est désormais encré dans la pratique du pouvoir en Algérie », écrit un internaute.
Dans sa chronique de ce lundi 20 février 2023, intitulée « Chaque chanson est un cri de rage pure, décapé jusqu’à l’os », le journaliste du Soir d’Algérie Maamar Farah, écrit :
« Interdire les chansons vulgaires est une question de morale et de bon sens. Mais, connaissant la force des pressions sociales, l’inclination à la censure et l’idée que l’on se fait généralement de la chanson «morale», nous craignons que cette mesure se traduise par une interdiction pure et simple de la chanson sentimentale et de toute expression musicale traduisant une réalité sociale pas toujours gaie.
Il n’est pas certain que la chanson soit responsable de la propagation de la drogue et de la harga.
Elle n’en est pas la cause ; elle est le miroir reflétant le malaise social.
À moins que l’on ne vise à n’autoriser que les chants religieux et patriotiques et à bannir du lexique musical, l’espérance, les désirs et les fantasmes des jeunes. »
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