Sarah Daniel Hamizi : La Kabyle, première barbière de… France !

C’est l’histoire atypique d’une kabyle. Sarah Daniel Hamizi, née à Azazga, est la première femme à épouser le métier de barbier en France, et ce, après un parcours du combattant plein de misogynie au pays d’Yves Saint Laurent. Elle réussira, quand même, après des années de galère et cela lui a valu un long reportage de Jeune Afrique.

Dans le reportage, elle a tout raconté, y compris son enfance dans la région d’Azazga, en compagnie de ses frères et sœurs et ses nombreux cousins. Mais de cette enfance, Sarah, née au début des années soixante-dix, garde surtout le souvenir de son grand-père Ali, dont le charisme l’a visiblement marquée. Elle se rappelle que quand il se rasait la barbe, elle aimait se mettre à côté de lui et le regarder faire.

Dans les années soixante-dix, au moment où les fillettes de son âge étaient attirées par les robes, les poupées et autres objets propres aux fillettes, Sarah était plutôt attirée par le coupe-chou de son grand-père, un ancien rasoir en forme de couteau plié. C’est peut-être de là qu’elle a acquis la passion pour le métier de barbier. « Moi aussi, je manierai le coupe-chou », se promet-elle. Il s’avérera qu’elle s’y mettrait, mais pas à Azazga, encore moins ailleurs en Algérie, mais à Paris où sa famille a déménagé au début de la décennie 1980.

Sarah à la conquête de Paris…

Elle racontera que le changement était difficile au départ, mais elle devait s’y faire, comme tous les autres membres de la famille qui avaient quitté l’immensité du village et des forêts pour un lugubre deux-pièces. Elle finira par s’adapter, avant que la jeune femme qu’elle deviendra décide enfin de faire sa vie en se rappelant la promesse de son enfance ; le coupe-chou. Mais elle se rendra vite compte que les préjugés sont aussi enracinés en France et qu’elle devra se battre encore pour réaliser son rêve et devenir première barbière de l’Hexagone.

Elle commence par un CAP, un BEP et travaille un temps dans les salons de coiffure et d’esthétique. Mais elle se dit très vite qu’elle ne veut pas avoir à faire avec les bigoudis et les brushings, mais elle veut s’occuper de beauté au masculin. Une activité réservée aux mâles même dans les années 90.

La Kabyle décide tout de même de résister, surtout qu’elle essuiera de nombreux refus dans sa recherche d’un formateur. Elle veut devenir une barbière et ce ne sont pas ces refus qui vont l’en dissuader.

Sarah finira par trouver deux personnes qui cèderont à son « caprice ». Il s’agit d’un barbier turc, Oskan Turak, du 10e arrondissement qui lui ouvre son salon et l’esthète Jean-Louis Bourasseau, qui lui délivre la plus complète des formations. Elle ne cesse jamais de leur exprimer sa « reconnaissance éternelle ». Sarah se donnera à fond pour sa formation, au point où elle utilise ses propres jambes comme cobayes.

Sept salons à Paris, 45 salariés et 2,5 millions d’euros de chiffre d’affaires  

À la fin de sa formation, elle finira par ouvrir son premier salon pas loin de Pigalle. C’était au début du mois de janvier 2000 que l’aventure de la première barbière de France commence. Et le succès est immédiat pour la reine du coupe-chou !

D’ailleurs, elle fait même appel et de façon périodique aux médecins dermatologues, notamment quand elle rencontre des peaux qui nécessitent une expertise, en raison de la présence d’un grain de beauté ou tout autre bouton. « Je ne suis pas médecin, mais je veux comprendre. Quand j’ai un doute pour un grain de beauté ou du psoriasis. Je vais voir un spécialiste », a-t-elle confié à Jeune Afrique. Cela a participé à faire sa réputation sur la place parisienne.

Mieux que cela, le métier de barbier était en déclin et en voie d’extinction et Sarah Hamizi a participé à le ressusciter. Elle finira par ouvrir de nouveaux salons, y compris dans des quartiers huppés qui lui permettent d’avoir comme clients des sportifs, des artistes, des hommes politiques et même un monarque. En tout sept salons ouverts dans la capitale française et 45 salariés. Ainsi que 2,5 millions d’euros de chiffre d’affaires. C’est ce qu’on pourrait appeler une épopée d’une Kabyle d’Algérie en France.


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