L’émission de deux nouveaux billets de banque en Algérie portant pour la première fois une mention en anglais a été suivie d’une vive polémique.
Un des premiers, en France, à y avoir vu un signe d’hostilité envers son pays et à avoir commenter ces billets, le leader du parti France Insoumise, Jean Luc Mélanchon. Dans un tweet, cette semaine, il s’est dit « triste » que l’Algérie n’ait pas fait le choix du français pour son nouveau billet de banque. Il n’a pas raté l’occasion de tirer à boulet rouge sur le chef de l’État français Emmanuel Macron et sa Première ministre Elisabeth Borne, qui étaient récemment en visite officielle en Algérie. « Ceci est un billet algérien. La langue commune ne l’est plus. Tristesse. Macron Borne ont échoué en tout et pour tout », a-t-il écrit.
Pourtant, le tweet de Jean-Luc Mélenchon a été suivi par une série d’articles dans plusieurs médias en France, mais surtout en Algérie. À l’unanimité, ou presque, ces médias ont tenu à démentir l’homme politique français, en affirmant que le français n’a jamais figuré sur les billets de banque Algériens.
Le Journal de l’Afrique, a affirmé que « le français n’a jamais été présent sur les billets de banque algériens ». Le site a fait intervenir un économiste algérien pour confirmer sa thèse. Cet économiste algérien, qui insiste que « jamais le français n’a été inscrit sur les billets de banque en Algérie », y voit de l’introduction de l’anglais une manière pour l’Algérie de « s’ouvrir au monde ». La Dépêche, un site français, a d’ailleurs repris le Journal de l’Afrique, en incluant la réflexion de cet expert en économie algérienne.
De leur côté, les médias algériens se sont emparés du sujet en allant eux aussi affirmer que le français n’a jamais figuré sur les billets de dinar algérien. Dans un article publié le 2 novembre, le site TSA a rapporté que « l’inscription en anglais figurant sur le nouveau billet de banque ne peut pas être prise comme un pas vers le remplacement de la langue de Molière par celle de Shakespeare » en réponse au message de Mélenchon. « Pour la simple raison, affirme le site, que « la langue française ne figurait pas précédemment sur les billets de banque algériens », ajoute le site algérien ».
Mélanchon ridiculise experts et médias algériens !
Face à l’ampleur de la polémique, de nombreux internautes se sont emparé de la question de l’existence ou non du français sur les billets de banque algériens. Ainsi, dans son édition de ce jeudi 3 novembre, le site ObserAlgérie rapporte qu’il s »avère que le français a bel et bien figuré sur la monnaie algérienne.
Billet 10 dinars (1964)
La Banque centrale d’Algérie (ancienne appellation de la Banque d’Algérie) a émis, le 1er janvier 1964, un billet de banque d’une valeur de 10 dinars portant sur son revers les mentions suivantes en français : « Banque Centrale d’Algérie », « dix dinars » et « la loi punit le contrefacteur ».

Billet 100 dinars et 10 dinars (1964)
La Banque centrale d’Algérie a également émis, le 1er janvier 1964, un billet d’une valeur de 100 dinars avec comme illustration en verso la baie du port d’Alger et des mentions en français. « Banque centrale d’Algérie », « cent dinars » et « la loi punit le contrefacteur ». Ce billet de 100 dinars, tout comme celui de 10 dinars portant des mentions en français, a été retiré de la circulation par la Banque d’Algérie le 31 décembre 1998.


Billet 5 et 100 dinars (1970)
Le 1er novembre 1970, la Banque centrale d’Algérie a émis un autre billet de banque d’une valeur de 5 dinars. Ce billet, qui portait sur son verso un Fennec au premier plan et un village du désert en arrière-plan, portait également des mentions en français : « Banque centrale d’Algérie », « cinq Dinars » et « l’article 197 du code pénal punit le contrefacteur ». Deux autres billets de 10 dinars et de 100 dinars ont également été mis en circulation à la même date avec des mentions en français.


Ce n’est qu’à partir de 1977, lors de l’émission de la troisième série des billets de banque par la Banque centrale d’Algérie, que le français a été retiré, ne laissant que la langue arabe sur les deux versants des billets. Même chose lors de l’émission de la quatrième série des billets en 1992, par la Banque d’Algérie, où aucune langue étrangère ne figure.
Ce n’est donc qu’avec l’émission des deux nouveaux billets de 2000 dinars, le 2 novembre 2022, qu’une langue étrangère « revient » sur les billets de dinar algérien avec l’anglais, introduit pour la première fois de l’histoire. Ce qui est sûr, c’est que l’argument de l’absence « historique » du français des billets de banque algériens ne peut plus être utilisé pour nier la présence d’une volonté politique derrière l’introduction d’une langue étrangère sur les coupures de dinar algérien.
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