Depuis ce week-end, elle était devenue le porte-étendard de toute une génération d’Iraniennes et d’Iraniens. Dans la nuit du 16 au 17 octobre à Séoul (Corée du Sud), Elnaz Rekabi a participé – elle a terminé quatrième – au championnat d’Asie d’escalade sans porter le traditionnel voile. Elle était devenue la première athlète iranienne depuis plus de 40 ans à se présenter dans une compétition sans hijab. République Islamiste depuis 1979, l’Iran impose le port de ce voile aux femmes.
Pourtant, juste après la compétition elle n’a plus donné de signe de vie – certaines rumeurs craignaient qu’elle soit emprisonnée par le régime en place -. Elle est cependant réapparue en public ce mercredi matin à l’aéroport de Téhéran.
Vêtue d’un blouson noir à capuche et d’une casquette de la même couleur, la grimpeuse de 33 ans s’est présentée face à la foule et aux médias le visage fermé, crispé. Ne cachant pas une certaine appréhension à l’idée de revenir dans son pays.
Il faut dire que l’intriguant message sur son compte Instagram apparu durant sa disparition montre assez clairement qu’elle a été enlevé.
Elle a écrit : « En raison du climat qui régnait pendant les finales de la compétition et du fait que j’ai été appelée à prendre le départ quand je ne m’y attendais pas, je me suis retrouvée emmêlée dans mon équipement technique (…). À cause de cela je n’ai pas fait attention au foulard que j’aurais dû porter ».
Ses explications sur son non-port du voile, démontrent les pressions qu’elle a dû subir.
Son apparition mercredi matin a été accompagnée par une liesse populaire. Des centaines de personnes étaient massées devant le terminal de l’aéroport pour accueillir la jeune femme avec des applaudissements et des cris de « championne » et « d’héroïne », selon une vidéo mise en ligne par le quotidien réformateur Shargh.
« Je suis rentrée en paix en Iran, en parfaite santé et selon le programme prévu. Je présente mes excuses au peuple iranien pour les tensions créées », a-t-elle déclaré, ajoutant ne pas avoir « l’intention de dire au revoir à l’équipe nationale ».
L’athlète a également été reçue par sa famille, qui l’a longuement embrassée, après avoir exprimé des craintes pour sa sécurité.
Malgré cette apparition et ces déclarations, le sort de l’Iranienne continue d’inquiéter la communauté internationale.