“Il existe dans tous les lycées d’Algérie”: Slimane Laouari commente le formulaire du lycée de Boumerdes…

Le travers ou le boucan ?

Dans un formulaire remis aux élèves pour être rempli avant la rentrée scolaire, figure une case aussi sotte que pitoyable où il est question de décliner la condition sociale de ses parents ! Pour plus de précision, la réponse était proposée en… choix multiple à trois possibilités : on est « pauvre », « moyen » ou « riche ».

Cette histoire s’est passée dans un lycée d’Ouled Moussa, dans la wilaya de Boumerdès, mais elle aurait pu survenir dans n’importe quel établissement de notre vaste et beau pays. Ce serait même déjà le cas d’ailleurs, si ça se confirme. Selon le syndicat des chefs d’établissement, il s’agit en l’occurrence d’un formulaire « standard », en vigueur dans tous les lycées de la wilaya et dans certaines autres wilayas.

La différence est que l’exemplaire du document en question provenant de cet établissement d’Ouled Moussa a fait le tour des réseaux sociaux et suscité une foultitude de réactions. Si elles sont formulées dans des termes différents et sur des tons apaisés ou enflammés, elles convergent quasiment toutes sur l’essentiel : l’indignation, sinon la colère.

Ce n’est d’ailleurs pas une surprise, pour plusieurs raisons. D’abord celle-ci : on ne demande pas à un adolescent, encore moins à un enfant si ses parents sont riches, pauvres ou ni l’un, ni l’autre. On n’a même pas besoin d’expliquer pourquoi… j’espère. Puis celle-là : l’école, a fortiori l’école publique, est l’endroit où sont censées tomber les barrières sociales et s’oublier la fortune de chacun.

C’est dur, très dur à réussir, c’est même proche de la chimère. Sauf que les structures d’État doivent faire ce qui est attendu d’elles sur la question. Et surtout ne pas en rajouter, comme c’est manifestement le cas. Enfin, cette dernière : ce qui a été possible à Ouled Moussa ne peut pas être impossible ailleurs.

À l’horreur de la question traumatisante pour les élèves des plus faibles s’ajoute le limogeage d’une directrice perçu comme une injustice. Il serait en effet étonnant que cette formalité soit l’œuvre personnelle d’un proviseur de lycée. Et quand une décision est l’aboutissement d’un tollé sur la toile, ça sent déjà le « bouc émissaire ». Et la question qui tue : on sanctionne le travers ou le boucan suscité par la… fuite de l’information ?

Slimane Laouari, LE soir d’Algérie, le 13 septembre 2022

“Riche, Moyenne, Pauvre”: Quand l’École demande la catégorie sociale des parents des élèves !


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