Le 26 mai 1993, l’écrivain, poète et journaliste Tahar Djaout est tombé sous les balles d’un groupe armé islamiste devant son domicile à Bainem (Alger). Transporté vers l’hôpital, il est déclaré dans un état critique. Après huit jours de coma profond, Tahar Djaout succombe à ses blessures le 2 juin, inaugurant ainsi la longue liste macabre des hommes et femmes de la presse tués durant la décennie du terrorisme islamiste. Il n’avait que 39 ans.
A travers Djaout, les mains assassines du GIA et leurs commanditaires ont ciblé un intellectuel foncièrement engagé pour une Algérie qui avance qu’il défendait à travers ses écrits. «Le silence, c’est la mort, et toi, si tu te tais, tu meurs. Et si tu parles, tu meurs. Alors dis et meurs», c’était le crédo journalistique et politique de l’auteur de Les Vigiles face aux agitateurs de l’épouvantail islamiste au début des années 1990.
Même si les forces du mal ont attenté à sa vie et le crime n’est pas élucidé, 27 ans plus tard, l’enfant d’Oulkhou (Ighil Ibahriyen), daïra d’Azeffoun a légué à la postérité des écrits poétiques, romanesques et journalistiques salués par la critique à ce jour. «Certes, si le corps se décompose, la pensée elle, ne meurt pas. Si les cols à franchir sont âpres, à l’épuisement nous trouverons un remède. Et s’ils anéantissent tant et tant d’étoiles, le ciel, lui, ne s’anéantit pas (…)», chantait Matoub Lounès dans l’hymne à Kenza, la fille de Djaout.