C’est l’un des plus vieux clients algériens de Crédit Suisse. Dans le tsunami mondial provoqué par le scandale « Suisse secrets« , les données obtenues par Süddeutsche Zeitung (SZ) et partagé avec The Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) et des médias partenaires dont le site algérien Twala, contiennent cinq comptes au nom du général algérien à la retraite Mustapha Belaid qui ont vu transiter plusieurs millions de francs suisses. L’un de ses comptes a été ouvert alors qu’il était sous les drapeaux.
Originaire de Sétif, Mustapha Belaid, aujourd’hui 85 ans, a ouvert son premier compte en mars 1984. Ce compte est resté ouvert jusqu’au mois de janvier 2015. Il était pourvu de 194.500 francs suisses au 31 janvier 2004. Son compte le plus important est ouvert en septembre 2008. Il y a déposé 3,2 millions francs suisses.
Issu de l’appareil de renseignement, Belaid a eu à présider la « Commission interministérielle permanente d’homologation des tenues et leurs attributs pour les personnels autres que les militaires de l’Armée nationale et populaire (ANP) » vers la fin de sa carrière.
Général à la retraite et businessman…
Démobilisé en 1997 à l’âge de 60 ans, Mustapha Belaid s’est reconverti dans les affaires. Il a pris des parts dans une société d’importation de produits agroalimentaires qui s’appelle Group Ranko Algérie. Et ce, avant de se lancer dans la revente des véhicules neufs et des pièces détachées automobiles avec ses deux fils Zoheir et Abdelaziz via la société Rocade Sud Auto, créée en 2003.
Ainsi, Mustapha Belaid a ouvert deux autres comptes à la banque Crédit Suisse qui associaient ses deux fils. Le premier, ouvert en octobre 1999, bénéficiait à Zoheir. Clôturé en décembre 2013, ce compte était provisionné de 657.000 francs suisses au 31 décembre 2002. Zoheir, aujourd’hui 48 ans, s’était essayé à l’importation des matériels et produits liés au domaine du textile dès 1997 en s’associant dans la Centrale Trading Import-Export. Cette activité n’a pas fait long feu. La société Centrale Trading Import-Export est dissoute en 2006. Le second, ouvert en mai 2003, bénéficiait à l’autre fils, Abdelaziz. Clôturé en avril 2014, il était pourvu de la 328.000 francs suisses au 30 juin 2007.
Aucune des activités des Belaid, qui sont plutôt des commerces de subsistance, générant à peine quelques dizaines de millions de dinars de chiffre d’affaires et accumulant les déficits, ne justifie les montants que le général à la retraite planquait en Suisse.
Les affaires en famille….
En 2005, Mustapha Belaid a domicilié au siège de Rocade Sud Auto dont il est le propriétaire à Said Hamdine, la société Garage Atelier Rocade Sud, une entreprise d’accessoires automobiles qui venait d’être créée par ses deux fils.
Zoheir et Abdelaziz ont également tenté un autre business, avec leur mère Louiza Benmehdi cette fois-ci. Ce fut un projet mort-né. La société créée à cet effet et domiciliée aux Bains Romains à Alger dans un local que possède Abdelaziz –Pressing Sprint Phare– a été dissoute quelques mois seulement après sa création. Elle devait gérer un dégraissage. Louiza Benmehdi, faut-il le signaler, est cosignataire avec Mustapha Belaid dans un autre compte à la banque Crédit Suisse.
En somme, les affaires des Belaid n’étaient pas une réussite. Aucune de leurs activités commerciales– commerces de subsistance, générant à peine quelques dizaines de millions de dinars de chiffre d’affaires et accumulant les déficits –, ne justifie les montants que le général à la retraite planquait en Suisse.
C’est d’ailleurs la faillite de leurs entreprises, Rocade Sud Auto et Garage Atelier Rocade Sud, en 2013 qui avait sorti Mustapha Belaid de l’ombre. Il avait alors intenté un procès pour faux et usage de faux et abus de confiance à l’encontre de son directeur administratif et financier, Ali Izghouti.
2015, Le procès…
Ce dernier, qui a nié les faits qui lui étaient reprochés lors de son procès en appel tenu en octobre 2015, s’est dit victime d’un coup fomenté de toutes pièces et de l’acharnement de son employeur. Mais, ce sont ses déclarations relatives à sa séquestration par Mustapha Belaid et ses deux fils, Zoheir et Abdelaziz, qui sont le fait saillant de ce procès.
En expliquant un aveu consigné dans une pièce jointe au dossier judiciaire, Ali Izghouti a dit que le général à la retraite l’avait séquestré dans l’un des bureaux de l’entreprise et braqué une arme à feu sur lui pour le forcer à signer un bout de papier où il reconnaît le vol de 3 millions de dinars algériens. Et d’indiquer que la somme en question avait été dépensée par ses deux fils dans des soirées privées. Dans sa plaidoirie, son avocat, Me Khaled Berghel, a indiqué au juge qu’il avait déposé une plainte contre le général Belaid pour abus d’autorité et trafic d’influence.
Ali Izghouti a été condamné en première instance à une année de prison. La Cour d’Alger a confirmé le jugement prononcé à son encontre par le tribunal de Bir Mourad Raïs. Quant à la plainte déposée par son avocat, elle est restée sans suite.
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