“L’agence publique (Anep) distribue la publicité publique de manière injuste. Sinon comment expliquer que des titres de la presse écrite dont le tirage ne dépasse pas les 2 000 exemplaires par jour reçoivent deux, trois, voire quatre pages de publicité, alors que des journaux connus pour leur grand tirage et leur ancrage dans la société ne profitent jamais de cette même publicité”.
C’est ce que révèle, sous forme d’interrogation, au quotidien Liberté, Mohamed-Tahar Messaoudi, directeur général d’El Watan.
Et à Liberté de répondre en indiquant que « c’est un secret de Polichinelle que de rappeler que la publicité publique, monopole de l’État, est distribuée en fonction des orientations, des lignes éditoriales assumées par tel ou tel journal et du degré d’allégeance. Des pratiques “autoritaires” qui ne manqueront pas d’impacter lourdement le paysage médiatique déjà chaotique ».
Rappelons que le journal El Watan fait face à une grave crise financière, qui l’a amené à opter pour l’augmentation du prix du journal. Le quotidien est proposé, depuis hier, à 40 DA dans les kiosques, au lieu de 30 DA. Une augmentation justifiée par les graves difficultés financières auxquelles fait face cet organe d’information national depuis au moins deux ans.
Cette décision d’augmenter le prix du journal de dix dinars a été envisagée, selon les gestionnaires de l’entreprise, comme dernier recours permettant d’assurer la survie de ce fleuron des médias nationaux, fondé en 1991. “Nous n’avions pas le choix. Nous avons mis sur la table toutes les possibilités et avons étudié tous les moyens pour éviter de mettre la clé sous le paillasson”, a expliqué, pour Liberté, Mohamed-Tahar Messaoudi, directeur général d’El Watan.
Il faut dire que l’ampleur de l’asphyxie financière à laquelle fait face ce quotidien est telle que les salaires du personnel risquent tout simplement de ne pas être versés dans les prochains mois.
Alors que le journal espérait sortir la tête de l’eau en 2020, à travers la signature d’un contrat de publicité avec l’Agence nationale d’édition et de publicité (Anep), cette dernière, après quelques semaines seulement, a rompu ledit contrat (une page de publicité par jour) de manière subite et unilatérale.
“Nous pensions voir le bout du tunnel en étant rétablis dans nos droits, à travers un contrat avec l’Anep, pour recevoir de la publicité en 2020. Cet espoir fut de courte durée. Après seulement quelques mois, l’Anep a violé le contrat en décidant unilatéralement de nous couper la publicité, qui reste pourtant un droit, comme le prévoit la loi sur la concurrence”, affirme encore le DG d’El Watan.