Le Procureur de la République près le Pôle pénal économique et financier du tribunal de Sidi M’hamed (Alger) a requis hier lundi une peine de sept années de prison ferme et une amende d’un million de dinars à l’encontre de l’ancien Premier ministre, Abdelmalek Sellal, impliqué dans la scandaleuse affaire du Yugarithen Palace de Béjaia, un hôtel de 14 étages bâti sur une zone Pétrolière.
Une peine de trois (3) ans de prison ferme et une amende de 100.000 DA a également été requise à l’adresse de son directeur de cabinet, Mustapha Rahiel, de l’ancien wali de Bejaia, Ouled Salah Zitouni et de l’ex- Secrétaire général de la wilaya ainsi que de l’homme d’affaires Laâlaoui Mahmoud.
L’ex-chef du gouvernement Premier ministre et son directeur de cabinet sont poursuivis pour « abus de fonction et octroi d’indus avantages » au niveau de la wilaya de Bejaia.
Lors de son audition Abdelmalek Sellal a nié avoir été en relation avec le businessman Laâlaoui. De son côté, Mustapha Rahiel a réfuté toute intervention ayant faciliter la réalisation de cet hôtel touristique, préférant préciser que « l’intervention de la Primature à l’époque était dans le cadre des facilitations accordées aux investisseurs afin de créer de nouveaux postes d’emploi ».
Le procès se poursuit avec les plaidoiries du collectif de la défense des accusés.
Genèse
Dans son édition de ce jeudi 25 mars, Le Soir d’Algérie nous rapportait la genèse de ce scandale impliquant l’ex-premier ministre Abdelmalek Sellal.
L’affaire avait fait beaucoup de bruit en son temps, dans la wilaya concernée d’abord où une rude bataille juridique a démarré dès le début de l’année 2000 pour tenter de mettre un terme au projet jugé très dangereux, avant de prendre un aspect national, suite à une décision du Premier ministre en poste à l’époque de débloquer la situation à laquelle faisait face le promoteur.
Les faits se résument à un projet de construction d’un hôtel cinq étoiles, de quatorze étages dans une zone touristique de Béjaïa sauf que l’assiette (16 000 m2) sur laquelle se déroulaient les travaux présente deux problèmes majeurs : elle se trouve sur un terrain glissant qui a déjà causé des blessures à quatre employés et, surtout, elle est située à proximité d’un pipeline et non loin d’un port pétrolier.
L’hôtel en question se nomme le Yugarithen Palace.
La lettre de Abdelmalek Sellal à la Wilaya
En 2015, un fait inattendu inverse, tout le processus mené par les autorités locales pour stopper ce projet. En effet, une lettre émanant du cabinet du Premier ministère, à la tête duquel se trouvait Abdelmalek Sellal à ce moment, parvient au wali de Béjaïa. Ce dernier la remet au secrétaire général de la wilaya et le charge d’en faire lecture devant les membres de la commission de recours mise en place pour étudier les dossiers en litige. Le SG s’exécute et lit la missive dans laquelle le Premier ministre demande à la commission de régulariser la situation du promoteur en lui permettant de reprendre les travaux de construction de l’hôtel. Tous les présents écoutent le secrétaire général lire la lettre sans émettre de réserves ou en commenter le contenu…
Les ex-responsables de la wilaya s’expliquent…
Lorsqu’il est interrogé par les enquêteurs, l’ancien wali de Béjaïa affirme avoir chargé le secrétaire général de suivre le dossier après réception de la lettre adressée par le Premier ministre et confirme lui avoir demandé de lire la lettre émanant de Sellal aux membres de la commission de recours et de la lui restituer sans en faire une copie. Les informations qui circulaient à ce moment faisaient état de la signature d’une dérogation, par Abdelmalek Sellal, suite au rapport établi par une délégation interministérielle (composée notamment de représentants des ministères de l’Intérieur et de l’Energie) qui a effectué un déplacement à Béjaïa à la demande du wali.
Cité au cœur de l’enquête qui s’est déroulée, le secrétaire général de la Wilaya de Béjaïa avoue qu’il voyait pour «la première fois un dossier traité de cette manière». Il affirme aussi que la gestion de ces affaires ne relevait pas de ses prérogatives, mais qu’il avait dû obtempérer face à la demande du wali de lire la lettre du Premier ministre devant la commission de recours.
Face aux enquêteurs, il fait également savoir que la demande lui a été faite de ne pas fournir de copie de la missive aux membres de la commission de recours. Il rappelle également que depuis l’amorce du projet, la Protection civile avait émis un avis défavorable et mis en garde contre les dangers pouvant découler d’une construction sur ce site sensible. Le danger est d’autant plus grand, fait-elle savoir, que cet hôtel dispose d’une salle de fêtes (dont la construction était terminée) et d’où sont tirés des feux d’artifice en direction du complexe pétrolier…
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