Une étrangeté rapportée par le quotidien Liberté dans son édition de ce dimanche 10 octobre : La haraga (immigration clandestine) est devenue tellement facile que des clandestins algériens reviennent d’Espagne pour se faire passeur de haraga » !
Ainsi, le quotidien indique que les affaires sont tellement juteuses que des Algériens, installés en Espagne, n’hésitent plus à rentrer au pays pour embarquer leurs compatriotes. Si le passeur ne gagne que 50 millions lors de son premier voyage après déduction de tous les frais inhérents (200 millions pour le guide et son second, le prix du moteur et de l’embarcation), le profit réside dans les voyages suivants, lors desquels ils peuvent toucher 500 millions de centimes nets par traversée. Par beau temps, ces réseaux peuvent assurer deux à trois voyages par jour.
Un business au grand jour sur internet…
Comme toutes les organisations criminelles, les gangs des passeurs, ne reculant devant rien, ont besoin d’une logistique huilée qui demande un flux incessant d’argent. De plus, ce créneau crée autour de lui d’autres activités plus ou moins à la frontière de la légalité, quand ils ne sont pas résolument hors la loi. Le marché des bateaux et des moteurs, dont la puissance dépasse les 100 CV, est particulièrement surveillé et réglementé.
Se pose alors la question sur la provenance de toutes ces embarcations et de leurs moteurs qui participent à ce trafic. Plusieurs pistes peuvent répondre à cette interrogation, la première étant dans le marché virtuel à travers les sites d’annonces sur Internet. Et ils sont nombreux ces avis de vente de moteurs d’occasion, toutes puissances comprises, et d’embarcations de la part de particuliers qui surfent sur la tendance du moment en gonflant exagérément les prix sans toutefois verser dans l’illégalité.
Ces annonces ne sont que la partie visible d’un négoce qui trouve ses racines dans le marché noir. “Les passeurs n’achètent souvent que des moteurs neufs d’au moins 200 CV sans traçabilité pour qu’on ne remonte pas jusqu’à eux”, indique à Liberté, Dj.., un témoin, d’où des numéros de série et d’immatriculation effacés. Il faut savoir que toute transaction pour l’achat ou la vente de moteur de bateau entre particuliers doit passer par les gardes-côtes, où un formulaire est rempli avant d’être notifié chez un notaire puis visé une deuxième fois par les gardes-côtes.
“Les réseaux activant dans l’importation frauduleuse des puissants moteurs de Go-fast gagnent plus d’argent que les passeurs eux-mêmes sans prendre autant de risques”, pense encore Dj. Parfois, ce sont des gangs de passeurs qui passent à l’action pour voler le matériel de leurs concurrents. “De temps en temps, des agressions sont perpétrées en pleine mer ou près des côtes par des membres de gangs de passeurs qui attaquent des embarcations qui reviennent d’Espagne à vide pour leur voler leurs moteurs”, explique, T, un autre témoin.
Les prix ont explosé ces deux dernières années, à l’image des 250-300 CV qui font entre 800 et 900 millions de centimes l’unité. Le moteur de 40 CV, vendu auparavant 70 millions, frise maintenant les 110 millions de centimes. Les marques les plus demandées par ces réseaux sont les moteurs 4 temps Yamaha, Honda et Mercury. L’autre volet concerne le marché des GPS, interdit, lui, en Algérie. Des ventes au noir qui expliquent la courbe croissante des prix. Ainsi, un GPS Etrex 10, tout ce qu’il y a de basique, qui faisait 19 000 DA, se vend entre 45 000 et 50 000 DA et la facture peut augmenter jusqu’à 15 ou 20 millions de centimes, en fonction de la qualité et des performances du système de positionnement par satellite.
Outre les “taxis”, des gens sont spécialisés dans l’acheminement du carburant alors que d’autres sont payés pour héberger des harraga ou pour louer leurs garages à bateaux afin d’abriter les Go-fast en attente de leurs passagers. “Un loyer qui avoisinerait les 100 millions de centimes”, selon Dj.
Laisser un commentaire