Quand l’offre de service(s) devient lâche ignominie / Par Salim Chait
Au moment où une répression tous azimuts est déclenchée contre des militants pacifiques accusés de « terrorisme », une escouade de commissaires politiques est chargée de justifier cette chasse à l’homme, avec des arguments qui ne s’encombrent d’aucune éthique et qui n’hésitent pas à faire outrage à la vérité des faits.
L’un de ces missionnaires, auquel deux journaux « indépendants » viennent d’ouvrir complaisamment leurs colonnes, n’a pas hésité à écrire à propos de Ferhat Mehenni :
« Il faut peut-être rappeler que son fils Ameziane, dont il impute l’assassinat aux services spéciaux algériens, a été tué dans un règlement de compte au sein d’un gang dans la banlieue de Paris. Ameziane Mehenni, abandonné, lui, sa mère, ses sœurs et frères par leur père, a été contraint de fréquenter les milieux de la drogue en France pour subvenir aux besoins urgents de sa famille. »
Si Ferhat Mehenni, homme public, est passible de critique, et si son projet politique est, comme tout projet politique, sujet à débat, à controverse voire à rejet, cette façon de s’attaquer à sa famille est ignoble. Immorale.
Malgré les divergences politiques avec Ferhat que j’ai eu à exprimer publiquement, je ne peux passer sous silence cette profanation de la mémoire de son fils Améziane, que j’ai bien connu et dont tout le monde peut témoigner des qualités morales.
L’assassinat d’Améziane n’a pas livré ses secrets. Pour la police française chargée de l’enquête, la mort d’un « bougnoule » dans un quartier populaire est un non-événement. Si aucune preuve n’a été apportée pour impliquer les « services spéciaux algériens », aucune preuve n’est venue, non plus, étayer la thèse du crime crapuleux propagée par certains milieux officieux, auxquels se réfère le missionné. Dans le cas contraire, qu’il les mette sur la place publique.
Si le débat politique, en Algérie en général et particulièrement en Kabylie, reste à faire sans concession mais dans la sérénité, les pollutions commanditées par des milieux obscures ne participent pas à la clarification des enjeux. S’attaquer à la famille d’un homme dans la tourmente est lâche. Au-delà de son signataire, cette ignominie ne manquera pas d’éclabousser le mentor qui l’a inspirée.
Chait Salim / 02 Septembre 2021
Samedi 19 juin 2004 – 1h du matin – Paris
A la mort de Ameziane Mhenni, l’essayiste français, Milliére Guy écrivait :
Un homme est mort samedi 19 juin2004, vers une heure du matin.
Il était jeune et intelligent.
Il était beau. Il était innocent.
Il a été assassiné à coups de couteau, place Clichy, à Paris.
Son seul tort : il était Kabyle.

Intégrale de l’interview du Soir d’Algérie :
“Le MAK a un discours fasciste” / Le Soir d’Algérie du 2 septembre 2021