Un précédemment grave vient d’être commis par les autorités tunisiennes et algériennes, si on en croit les analystes et plusieurs organisations des droits de l’homme. En effet, alors qu’il bénéficie de la protection internationale, un activiste algérien a été extradé vers l’Algérie par les autorités tunisiennes.
Le site Radio M rapporte dans son édition d’hier mardi 31 août, que 34 organisations tunisiennes de défenses des droits de l’homme et de la société civile ont, ainsi, manifesté leur « indignation » après l’extradition vers l’Algérie, de l’activiste Slimane Bouhafs. Arrêté en Tunisie le 25 août dernier, dans des circonstances floues, le militant de confession chrétienne risque la prison en Algérie, en raison de ses présumés « liens » avec le mouvement MAK.
Dans une déclaration, les organisations signataires ont exprimé « leur consternation » face à ce qu’elles qualifient de « dangereux précédent » après « l’extradition par l’État tunisien, d’un réfugié sous protection internationale, aux autorités de son pays qui le poursuivent pour ses positions politiques ».
« Slimane Bouhafs est entré en Tunisie et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), lui a accordé le statut de réfugié, sous le n° 15C0059-255, valable jusqu’au mois de septembre 2022 », précisent les ONG. Et de rappeler que « la protection internationale » dont bénéficie Slimane Bouhafs, « interdit aux autorités tunisiennes signataires de la Convention de Genève de 1951, de ses protocoles en 1967 et de la Convention contre la torture de 1984, toute extradition forcée ».
Pour ces ONG, « l’établissement de liens d’amitié avec un pays ami, ne doit pas être au détriment du respect des engagements internationaux qui protègent les droits des réfugiés et prévoient le principe de non-refoulement ».
Parmi les organisations signataires figurent la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH), le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), Avocats sans frontières, la Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives (FTCR), l’Organisation Article 19, l’Union des Tunisiens pour la citoyenneté (UTC) et l’Association tunisienne pour la défense des libertés individuelles (ADLI).
Condamné en 2016, à trois ans de prison ferme, pour « insulte à l’Islam et offense au Prophète », cet ancien policier a été libéré après 20 mois, bénéficiant d’une grâce présidentielle.
Son extradition intervient au moment où l’ancien candidat à la présidentielle en Tunisie, Nabil Karoui, est arrêté en Algérie et est en passe d’être remis aux autorités tunisiennes. Ce qui met également l’Algérie dans la même situation délicate que la Tunisie face au droit international… Et la question qui pend aux lèvres de toutes les défenseurs de droit de l’homme : Que va faire l’ONU ?
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