“Macron ouvre les archives historiques, Manu planque les cartons”. C’est sous ce titre que le journal Le Canard Enchaîné a réagi mercredi dernier au vote par le Sénat français, le 30 juin dernier, d’un article très controversé — le numéro 19 — de la nouvelle loi relative à la Prévention des actes terroristes et au renseignement (Patr) qui restreint la consultation des archives classées secret défense, dont celles relatives à la guerre d’Algérie.
Selon le quotidien Liberté qui rapporte l’information dans son édiction de ce dimanche 11 juillet, cet article remet en cause l’engagement pris par le président français en mars dernier de faciliter l’accès aux archives, conformément aux préconisations du rapport de Benjamin Stora sur la colonisation et la guerre d’Algérie.
Pire, le vote abroge, même, le délai de 50 ans fixé par la loi sur la refonte du régime de communication des archives publiques de 2008, en interdisant l’accès, indéfiniment, à des documents considérés comme “sensibles”.
Ainsi, l’article 19 introduit, notamment, “quatre catégories d’archives pour lesquelles il n’est pas possible de fixer en avance un délai au-delà duquel toute sensibilité aurait disparu”. Les documents qui ne sont pas spécifiés dans la loi porteraient, selon des sources du ministère de la Défense, sur les installations militaires, les matériels de guerre, les procédures opérationnelles et les capacités techniques des services de renseignement, ainsi que la mise en œuvre et les moyens de dissuasion nucléaire.
Des acteurs dénoncent…
Dans une lettre aux parlementaires, l’Association des historiens contemporanéistes de l’enseignement supérieur et de la recherche (Ahcesr), l’Association des archivistes français (AAF), l’Association Josette et Maurice-Audin, ainsi que plusieurs historiens comme Benjamin Stora ont dénoncé l’article polémique.
“Nul ne peut plus nier qu’il a pour seul et unique objectif d’allonger les délais actuels de la communication des archives publiques et qu’il n’est pas la mise en œuvre d’une politique d’ouverture pourtant revendiquée”, ont-ils écrit.
Le commentaire…
L’auteur et journaliste Mouna Bekkis commente l’information :
« La France officielle compte bien préserver ses agents au sommet de l’état algérien (morts ou vivants). C’est également un très efficace outil de pression pour imposer ses caprices et garantir ses intérêts, notamment, économiques en Algérie ».
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