Après le “KHBARDJI”, le “Pyromane” : Tebboune enfonce un autre journaliste ! Mustapha HAMMOUCHE commente…

Campagne et campagne / Par Mustapha HAMMOUCHE

Dans sa dernière interview, le président Tebboune a, une seconde fois, dérogé au principe de présomption d’innocence dans une affaire de justice impliquant un journaliste. Cette fois-ci, c’est notre collègue Rabah Karèche qui, accablé de “pyromanie”, en pâtit alors que son dossier est en cours d’instruction.

Pourtant, à une autre époque, la mise en détention provisoire du correspondant de Liberté à Tamanrasset suite à un article, n’aurait pas été possible simplement parce que la loi algérienne ne prévoit pas l’emprisonnement d’un journaliste en raison de son travail d’information. Cependant, si cette rigueur punitive ne se justifie pas légalement, elle s’explique politiquement : dans la logique d’un pouvoir total, le travail de presse, quand il traite de faits de contestation politique, est considéré comme partie constitutive de cette contestation et réprimé comme tel !

C’est vrai : en cette époque de communication globale, les évènements sont vite relayés et largement répercutés. Mais ce n’est pas la faute des journalistes si le progrès technologique a des inconvénients politiques pour les régimes autoritaires. Il semble que notre pouvoir ne veut pas s’accommoder de cet effet de modernité. Alors, il bloque l’Internet, déjà poussif, les vendredis, il censure ses propres médias et il accable des journalistes des pires crimes pour les bâillonner et, parfois, les enfermer. 

La banalisation aujourd’hui assumée de l’emprisonnement pour des actes de journalisme s’inscrit dans l’option du “tout répressif” adoptée à l’endroit du mouvement de revendication populaire. D’abord appliquée à la couverture médiatique du hirak, elle est parfois élargie à une autre publication indésirable portant sur un autre sujet, comme dans le cas de notre collègue. 

A travers l’entretien évoqué plus haut, le Président ne conteste pas la nature répressive du traitement réservé au hirak puisqu’il s’efforce de la justifier. Il considère que le hirak, le vrai, le majoritaire, auquel il a déjà “tendu la main”, a pris parti pour le processus électoral inauguré par son élection, déduisant par là que le mouvement qui se poursuit, en plus d’être devenu minoritaire, se retrouve sans objet. Il reproche ensuite à cette “minorité” manifestante d’être “hétéroclite” et infiltrée par des forces animées de vélléités de violence, voire de terrorisme.

Pour ces raisons, le mouvement de revendication ne serait donc plus de nature à susciter un traitement politique. Il se réduit désormais à une question sécuritaire. De fait, la répression n’en finit pas d’aller en s’intensifiant, surtout depuis la veille de la campagne électorale, le pouvoir ayant probablement estimé que la réussite de l’opération dépendra d’un plus grand étouffement de la contestation. 

Or, même si Alger est immobilisée le vendredi, des marches ont pu se tenir dans certaines autres villes. L’inquiétant est que la persistance de la revendication, même étouffée, appellera à toujours plus de raideur coercitive. A trop compter sur l’efficacité politique de la seule répression, on ne sait où s’arrêtera alors la spirale autoritaire ?

Mustapha HAMMOUCHE, Le 6 juin 2021


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