Saïd Djabelkhir, l’oublié du 114e Hirak/ Par Hassane Zerrouky
Pas un slogan en faveur de Saïd Djabelkhir lors de ce 114e Hirak. De même SOS Bab-el-Oued a été oublié ou peu mentionné. Certes, des pancartes exigeant la libération des détenus, des portraits de détenus d’opinion, ont été brandis par les manifestants. Mais pas celui de Djabelkhir ! Pourtant, trois ans de prison pour avoir émis une opinion académique mais considérée comme attentatoire aux préceptes de l’Islam, ce n’est pas rien. Et si son nom n’a pas été mentionné lors de ce 114e vendredi, c’est parce qu’au sein du Hirak on considère sans doute que le cas de Djabelkhir fait partie de ces sujets clivants qui diviseraient le mouvement populaire ! On va où comme ça ? Est-ce pour ne pas déplaire à Rachad, que pour ma part je ne qualifie pas de « terroriste », et qu’ il faut combattre politiquement et non par des interdits administratifs ?
Le crime de Djabelkhir est d’avoir porté le débat sur la place publique et dérangé cette vision religieuse rétrograde véhiculée par Ali Ferkous, désigné par le Saoudien al-Madkhali comme le représentant du wahhabisme algérien, auquel se réfèrent les différentes branches de Daesh, et par l’autre Saoudien Mohamed Al Arifi, auquel se réfère Djabet Al Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda.
Le Saoudien Al-Arifi, dont les vidéos étaient suivies selon une enquête publiée fin 2018 (cf Casbah Tribune) par quelques deux millions d’Algériens, est ce monsieur qui a édité une fatwa intitulée « ouverture de la porte du djihad en Syrie », fatwa légitimant religieusement les rapports sexuels avec des Syriennes « pour quelques heures ». Autrement dit, une fatwa légalisant le viol. Ça rappelle le GIA, non ? En juin 2013, il avait appelé au djihad en Syrie avant de prendre l’avion pour Londres où, quelques jours après son arrivée, il était tabassé par deux jeunes Irakiens au sortir d’un restaurant situé sur Oxford Street…
Cela étant, on ne peut que partager le propos de l’universitaire Houari Addi cité par El Watan : « La liberté académique et la liberté de conscience sont en dehors des domaines du tribunal que l’État charge de protéger l’ordre public et la liberté des citoyens. Saïd Djabelkhir n’a porté atteinte ni à l’ordre public ni à la liberté de celui qui a porté plainte contre lui. Le tribunal qui a condamné Saïd Djabelkhir aurait dû déclarer son incompétence à se prononcer sur une affaire relevant de la conscience religieuse pour une raison très simple : le rapport à Dieu n’est pas d’ordre juridique. » Tout est dit.
Hassane Zerrouky, Le 26 avril 2021
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Comment s’étonner ? Faut être atteint de cécité profonde pour ne pas réaliser que le hirak actuel est vidé de sa substance démocratique laïque ….il est tout simplement noyauté par les wahabatistes…clair comme l’eau de roche