Procès Djabelkhir : 5 ans de prison requis par le procureur ! Selon quelle lecture est jugé l’islamologue ?

La justice algérienne a requis ce jeudi 1er avril, « l’application de la loi », soit une peine de trois à cinq ans de prison, contre un islamologue de renom, Saïd Djabelkhir, poursuivi pour « offense aux préceptes de l’islam », a indiqué l’un de ses avocats à l’AFP.

Le procès s’est ouvert dans la matinée devant le tribunal de Sidi M’hamed à Alger. L’audience se poursuivait en début de soirée et la date du verdict n’est pas connue.

Saïd Djabelkhir est accusé par sept avocats et un autre universitaire d' »offense aux préceptes de l’islam et aux rites musulmans ». « Les huit individus, tous d’obédience wahabo-salafistes selon leurs profils facebook, se sont ainsi substitués à dieu, du fait qu’il n’y a pas eu de plainte par ce dernier », peut-on lire dans un commentaire.

La loi punit de trois à cinq ans d’emprisonnement et/ou d’une amende « quiconque offense le prophète ou dénigre le dogme ou les préceptes de l’islam, que ce soit par voie d’écrit, de dessin, de déclaration ou tout autre moyen ». Un texte vague du fait des dizaines de lectures différentes du dogme ou ce qui est défini comme « les préceptes de l’islam ». La question reste entière quant à savoir selon quelle lecture de l’islam, l’islamologue est jugé : »Malékite, Soufi, Salafo-Wahabite… etc », qui chacune prône sur plusieurs sujets une chose et son contraire.  

Déclarations de Djabelkhir…

« Je n’ai rien à me reprocher. J’ai tous les arguments pour me défendre », a déclaré à l’AFP avant le début de son procès.

Lors des débats, M. Djabelkhir a déclaré à la juge que « le but de (mes) publications est -l’Ijtihad- ((l’effort de réflexion pour interpréter les textes fondateurs de l’islam.ndlr) et non pas le jihad (la guerre sainte) », selon ce que rapporte les médias.

« Les wahhabites (qui se réclament d’un courant rigoriste de l’islam: ndlr), les salafistes, veulent imposer aux musulmans leurs lectures des textes comme étant la vérité absolue et c’est ce que je ne cesse de contester à travers mes écrits », a expliqué à l’AFP le chercheur, qui a déjà été au centre de plusieurs controverses avec des religieux ayant une vision fondamentaliste de l’islam.

Les textes religieux et leurs interprétations « ne sont pas un produit de consommation mais plutôt une matière sur laquelle il faut réfléchir et avoir un regard critique », a-t-il plaidé.

Diplômé en sciences islamiques, auteur de deux ouvrages traitant de la religion, M. Djabelkhir considère qu’il est « accusé par des personnes qui n’ont aucune compétence en matière de religion ». (l’enseigne en informatique est informaticien et les 7 avocats sont avocats, NDLR).

Déclarations des avocats de la défense…

Selon un de ses avocats, Me Seif El Islam Cherbal, la question clé que pose ce procès est comment juger de questions religieuses pointues sans être un spécialiste en la matière. Ce procès a été qualifié d' »inquisition » par un autre conseil de sa défense, Me Aouicha Bakhti. « Nous sommes en train de débattre des idées dans un tribunal alors que les idées doivent être débattues en dehors du tribunal », a déclaré Me Bakhti aux journalistes.

Un avis partagé par la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH) qui a estimé dans un communiqué que ce procès « déplace un débat qui devait avoir lieu dans les enceintes des amphithéâtre universitaires, non dans les salles d’audience des tribunaux qui ne doivent en aucun cas se transformer en tribunaux d’inquisition ».

Dans son communiqué, la LADDH relève que la liberté de conscience a disparu du texte de la nouvelle Constitution algérienne adoptée en novembre à l’issue d’un référendum très massivement boycotté par la population.

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