“Descends ! Tu manques de respect à moi, à la religion et au Prophète” : L’examinateur de l’autoécole humilie une femme !

À Sebala, l’examinateur lui impose le port du hidjabs / Par Malika Boussouf

Il lui dit : «Descends ! Tu manques de respect à moi, à la religion et au Prophète en te présentant dans cette tenue» ! La gamine est en jogging.  

En débitant ses inepties, il ajoute que la loi interdit de porter un jogging ! Elle ne sait pas ce que le Prophète vient faire là, mais elle s’exécute et comprend surtout qu’elle doit changer de tenue. 

Le directeur de son auto-école, présent sur les lieux, lui tend un hidjab. Elle l’enfile et tente de se représenter devant l’examinateur. Elle est de nouveau sommée de descendre du véhicule. 

Cette fois, ce sont ses cheveux qui sont à l’air libre. Elle remonte la capuche de son sweatshirt pour se couvrir la tête, mais cela ne suffit pas. Son jogging n’est pas du goût de l’individu. Peut-être suggère-t-il une fièvre intérieure dont seul le triste mâle connaît la nature. C’est là qu’on lui tend le jean crasseux et presque en lambeaux du gardien du parking. Elle l’enfile et, là, elle est, enfin, autorisée à passer son examen.

J’aurais préféré qu’elle le plante là, qu’elle descende de la voiture et aille déposer une plainte contre lui pour abus de pouvoir et agression caractérisée. Elle ne l’a pas fait ! Mais on ne peut pas attendre d’un jeune qu’il réagisse comme on le ferait à un âge où l’on en a vu d’autres ! Des allumés comme l’examinateur savent qu’à un moment pareil, ils ont le pouvoir et que des candidates, dos au mur, feront ce qu’ils exigeront d’elles. En guenilles, c’est permis, pas en jogging ! Voilà des ingénieurs qui relèvent du ministère des Transports et dont on ne sait pas grand-chose sur leur niveau scolaire. 

On les dit ingénieurs et ils sont habilités à faire passer le code et la conduite même si cela n’exige pas de décrocher un master pour décider qui l’aura et qui sera recalé. Sans compter que, dans ces milieux-là, la rachwa fonctionne en veux-tu, en-voilà et que personne au niveau de la hiérarchie n’a envie de contredire le sentiment d’invincibilité. 

Un directeur d’auto-école qui s’empresse de  tendre un hidjab à une candidate ? Comment ne pas conclure que ce n’est pas la première fois que cela se passe ? Voilà comment le silence se fond dans l’acquiescement !

Malika Bousouf, Le Soir d’Algérie, Le 8 Mars 2021


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