“Le HIRAK KHALETHA, Mme la Juge” : 7 questions à Mazouz sur les milliards du 5e mandat…

Au troisième jour du procès de l’automobile, le tribunal s’est penché sur l’épisode du financement occulte de la campagne du 5e mandat. À la barre, Ahmed Mazouz raconte comment l’équipe de Bouteflika forçait des patrons à mettre la main à la poche pour demeurer dans les bonnes grâces du régime. Récit d’un racket organisé.

Ahmed Mazouz : “J’ai donné 39 milliards…”

Il est d’abord sommé de s’expliquer sur l’objectif de ce financement “occulte”.

Mazouz : « c’était mon associé et cousin Mohamed Baïri (vice-président du FCE jusqu’à 2019) qui m’a approché pour me demander de mettre de l’argent dans la campagne électorale d’Abdelaziz Bouteflika en 2019. Il est venu m’informer qu’il fallait aider l’équipe de campagne. J’ai demandé s’il y avait d’autres hommes d’affaires qui étaient concernés par le financement de la campagne, et il m’a dit qu’Ali Haddad avait mis 180 milliards de centimes dans cette campagne. Après réflexion, j’ai décidé de signer un chèque de 39 milliards de centimes que j’ai remis à Baïri”.

La Juge : “Pourquoi avoir donné de l’argent ? Qu’attendiez-vous en retour de ce don important ?”.

Mazouz : “Je l’ai fait pour le bien de mon pays. Abdelaziz Bouteflika s’est présenté en tant que candidat indépendant. C’était le candidat de la stabilité et de la continuité. Je n’avais aucun objectif particulier. C’est pour le pays. Ce n’est pas la première fois que je fais cela. En 2016, lorsque l’on a lancé l’emprunt obligataire, j’ai déposé un chèque de 130 milliards de centimes pour le bien du pays. Je n’ai rien attendu en retour. Je me suis toujours tenu loin des affaires politiques. Je ne consacrait uniquement à mon “rôle d’industriel et d’investisseur”.

La Juge : “Avez-vous fait l’objet de pressions pour ce chèque ?”

Mazouz : “Aucune pression Mme la présidente”.

La Juge : “Pouvez-vous expliquer à l’audience pourquoi vous avez remis ce chèque à Ali Haddad et non pas à Sellal, le directeur de la campagne ?”.

Mazouz : « J’ai signé le chèque à l’adresse de la direction de campagne de l’ancien président ».

La Juge : “Pourtant, le chèque a atterri sur le bureau de l’homme d’affaires Ali Haddad”.

Mazouz : “Parce que c’est le FCE, Mme la présidente. Moi je ne savais rien. C’est Mohamed Baïri qui est venu me voir et m’informer que c’est Ali Haddad qui s’occupait de la collecte d’argent. Baïri est un frère, un cousin et un associé, je lui ai fait confiance Mme la présidente. Tout ce que j’ai fait, c’est pour la stabilité de mon pays.”

La Juge : « Avez-vous pu récupérer son argent? ».

Mazouz : “Non. J’ai demandé à Haddad de me le rendre. Il m’a promis qu’il allait le faire, mais après les choses se sont compliquées et…”

La juge l’interrompt : “Que voulez-vous dire par les choses se sont compliquées ?”

Mazouz : “T’khaltet Mme la présidente. Le Hirak”, répond l’accusé, provoquant le rire de l’assistance. 

(T’khaltet = tout est parti en vrille)

Liberté, Le 12 Janvier 2021


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