«La présence ottomane ne peut être considérée comme colonialiste. Les Ottomans n’avaient pas la velléité de conquérir un pays pour assujettir son peuple et en exploiter ses richesses au profit de l’Etat conquérant, avec une idéologie «suprémaciste» et raciste. Ils ont introduit le rite hanafite sans l’imposer, la langue osmanli étant limitée à l’administration centrale, même si les gouvernants (allogènes) et leurs soutiens bénéficiaient de privilèges indus. On se révoltait contre les “Turcs”, mais on priait pour le “Sultan de l’Islam”».
C’est l’incroyable déclaration, de l’islamiste Fatima Zohra Guechi, présentée comme « historienne » par le quotidien El Watan à qui elle a accordé une interview, mercredi 2 septembre.
Colonisation Arabo-musulmane et Ottomane en Algérie
L’historien Bernard Lugan répond…
A ce négationnisme au nom de la solidarité islamiste internationale et son père spirituel contemporain, le président turc Recep Tayyip Erdoğan, l’historien français Bernard Lugan revenait dans son blog sur quelques dates qui auront marqué 3 siècles de colonisation ottomane en Algérie (de 1516 à 1830).
On peut, entre autres, lire :
L’Algérie fut durant trois siècles une colonie ottomane sous le nom de Régence d’Alger (Wilayat el-Djezair en arabe et Gezayir-i Garp en turc). Un pays où les janissaires turcs s’illustrèrent par leurs méthodes particulièrement brutales et expéditives.
En 1520, Sidi Ahmed ou el Kadhi fut le premier résistant kabyle à la colonisation turque, réussissant même à s’emparer d’Alger et forçant le chef de bande Khar ad-Din Barberos à se replier à Djidjelli.
En 1609, les Kabyles vinrent battre les murs d’Alger puis, entre 1758 et 1770, ce fut toute la Kabylie qui se souleva. Au début du XIX° siècle, plusieurs autres insurrections se produisirent, notamment entre 1805 et 1813, puis en 1816 et enfin en 1823.
Il en fut de même dans l’Aurès où les Chaouias réussirent à interdire toute présence effective du pouvoir ottoman. Constantine fut un cas à part car les Ottomans y avaient de solides alliés avec la tribu des Zemoul, ce qui n’empêcha pas les autres tribus kabyles de se soulever régulièrement.
Tous ces mouvements furent noyés dans le sang, à l’image de ce qui fut la règle en Libye : «La force est employée à la turque : les colonnes de réguliers, Turcs et Couloughlis, usent du sabre, du fusil et du canon, brûlent récoltes et villages, s’emparent d’otages, empalent et décapitent, exposant par dizaines les têtes coupées. L’usage de la force démontre la résolution du maître et l’irréversibilité de la situation.