Assassinat de Fekhar : Me Dabouz accuse 6 fonctionnaires et le Groupe Ennahar !

Dans une interview accordée au site KAB NEWS, mercredi 27 mai 2020, Me Salah Dabouz, avocat de la famille Fekhar Kameledine,  revient sur la « liquidation » du militant, mort le 28 mai 2019, suite à 50 jours de gréve de la faim et « une négligence criminelle du personnel soignant de l’hôpital Ghardaïa ». Il évoque un ordre de liquider émanent du « sommet de l’État » et exécuté par plusieurs fonctionnaires de l’État avec l’appui de plusieurs médias dont le groupe ENNAHAR….

•             Vous avez accusé des responsables locaux d’être derrière la mort du militant, qu’est ce qui a fait que vous accusiez ces responsables?

Me Salah Dabouz : En effet, nous avons constaté que Azzedine Mechri, l’ex-wali de Taghardaït s’était chargé de mener la campagne de propagande contre Dr Kamaleddine Fekhar pour lui coller l’étiquette de séparatiste, dans des discours transmis par la radio locale et repris par le journal et la chaîne Ennahar sous forme de véritable matraquage médiatique. 

Il faudrait aussi savoir que le procureur général près le tribunal de Taghardaït de l’époque, Mohamed Ben Salem, a un passé douteux quant à son appartenance aux groupes salafistes djihadistes, selon sa probable implication dans le meurtre d’un magistrat à Sig dans la wilaya de mascara en 1992 ou 1993 je croie, d’après une enquête publiée dans ce même journal, il y a quelques mois. et c’est lui même qui confirme sa tendance salafiste et djihadiste via un communiqué qu’il avait publié, lorsque le juge d’instruction près le tribunal de Taghardaït avait refusé de me mettre en détention provisoire. Dans ce communiqué, Ben Salem avait clairement déclaré qu’il exerce ses fonctions de procureur générale d’abord et avant tout pour satisfaire Dieu qu’il adore et qu’il prenait ses décisions pour lui, ensuite pour la patrie.

Le juge d’instruction pour sa part, a ordonné la détention de Kamaleddine Fekhar et Hadj Brahim Aouf arbitrairement, puisqu’il avait estimé que les faits n’étaient pas grave pour ordonner une détentions provisoire dans mon cas, sachant que nous étions tous les trois poursuivis pour les mêmes accusations et pour les mêmes faits. D’ailleurs, Hadj Brahim Aouf et moi-même avions été condamnés par défaut, au même titre que les autres accusés absents.

Et vous avez le directeur de la prison de Tagherdaït qui avait décidé d’enfermer Kamaleddine Fekhar et Hadj brahim Aouf dans des toilettes qui servaient de cachot pour les détenus atteints de maladies contagieuses.

Et enfin que le directeur de l’hôpital de Taghardaït avait empêché Fekhar et Aouf de bénéficier de soins jusqu’à ce que Fekhar décède et que Aouf soit dans un état très grave.

•             Les autorités ont promis une enquête qui n’est toujours pas enclenchée, pourquoi selon vous ?

Je pense que l’ordre de liquider Kamaleddine Fekhar est venu du sommet de l’État et qu’il avait été exécuté avec beaucoup d’enthousiasme par les fonctionnaires que je viens de citer et d’autres notamment les médecins de l’hôpital de Taghardaït, avec l’appui de certains médias dont le groupe Ennahar contre lequel Fakhar et moi même avions déposé plainte, mais nos plaintes n’ont jamais été prises en considération.

•             Un an après le décès du défunt Dr Fekhar, qu’en est-il de l’enquête sur sa mort ?

Il n’y a aucune enquête sur sa mort à ce que je sache, étant donné que le juge d’instruction avait ordonné son refus d’ouverture d’une information judiciaire pour «non existence de crime», selon le motif qu’il avait évoqué, sans même constater le décès (administrativement), sans entendre les plaignants et surtout sans avoir examiné le rapport de l’autopsie. A partir de là, je suppose que ce fonctionnaire a voulu couvrir d’autres fonctionnaires, cités dans la plainte; et donc il refuse d’ouvrir une information judiciaire, pourtant obligatoire selon l’article 66 du code de procédures pénales. Le pire est que la chambre d’accusation de la cour de Taghardaït, avait confirmé l’ordonnance de ce juge d’instruction, en refusant de me communiquer le dossier de l’affaire; et en refusant même de prendre ma requête par le greffe de la chambre d’accusation, sur ordre du président de la cour de Taghardaït. De ce fait, ce déni de justice flagrant, nous a conduit à introduire un pourvoi en cassation devant la cour suprême, seul et dernier moyen de recourt possible pour voir cette plainte prise en considération.

•             Un an après le décès, y aura-t-il un hommage au défunt?

On ne peut pas passer sous silence le premier anniversaire de l’assassinat du Dr Kamaleddine Fekhar, ce serait l’assassiner une seconde fois, mais avec le confinement, le principal de nos activités se passe sur la toile.

•             Un mot pour terminer?

Nous jugerons les assassins de Fekhar devant l’histoire avant tout, et nous ferons tout pour que justice soit rendue.


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