Un Chinois dans la tête d’un Algérien / Par Amin Zaoui

Ces jours-ci on parle beaucoup de la Chine ! Et il n’y a pas de Chine sans la muraille de Chine. Et il n’y a pas de Chine sans les Chinois et sans Mo Yan, Prix Nobel de littérature !

Tout ce que liait l’Algérien à la Chine, c’est cette expression-adage : “Partez à la recherche de la science même si elle est en Chine” (Otlobi El Ilma wa law fi Assine) !

Mais depuis quelque temps, depuis deux décennies ou presque, les choses ont changé ; les Algériens se sont réveillés, par un jour, pour trouver la Chine chez eux ! Les Chinois dans les rues. Ils parlent même en algérien. Ils parlent même en tamazight. Ils sont discrets et disciplinés. Ils marchent sans bruits et sans ombres pour se photographier, posant devant Maqam echahid ou entre les vestiges de Tipasa ! 

Parce que l’Algérien n’est pas parti à la recherche de la science là-bas, en Chine lointaine ; c’est cette dernière qui est venue s’installer chez lui, dans sa terre. Ils sont venus, les Chinois, pour lui construire des routes, des ponts, des bâtiments, les crayons, les gommes à crayon et des pommes de terre ! 

L’Algérien s’achète une voiture chinoise et les Chinois étalent les routes goudronnées sous les roues de son véhicule. L’Algérien se marie, se multiplie, et les Chinois lui fabriquent la chambre à coucher ! Les conditions de la prolifération ! De la fécondation !

Avec l’arrivée des Chinois, je parle de la main-d’œuvre chinoise, la fainéantise de l’Algérien est mise à nu ! Avec l’arrivée des Africains du Sahel, je parle de ces vagues des pauvres immigrants clandestins, la paresse de l’Algérien a redoublé de poids ! 

Devant le Chinois et l’Africain, l’Algérien, pas tous les Algériens, se sent roi ! Un roi sans royaume !

Cette présence sino-africaine sur le sol algérien nous a fait repérer un brin de racisme chez l’Algérien, ou quelque chose qui ressemble. 

Mais l’avènement du coronavirus a bouleversé le regard algérien porté sur le Chinois ! 

Avant l’ère du coronavirus, l’Algérien, en ignorant, pas tous les Algériens, méprise et dénigre l’Histoire de la Chine en qualifiant ce grand peuple de mangeur de chiens et de chats ! 

Les premiers jours où le coronavirus a frappé fort en Chine, les Algériens, fidèles à la secte des Frères musulmans, ont applaudi la propagande des Frères musulmans, largement diffusée sur les réseaux sociaux : “C’est la malédiction d’Allah qui tombe sur les têtes des Chinois mangeurs de chiens, à cause des massacres des musulmans Ouïghours.” 

Une fois la pandémie aveugle arrivée en terre d’islam, frappant fort les musulmans, qu’importe la communauté sunnite ou chiite, en Iran et en Arabie Saoudite, les Algériens activistes de la secte des Frères musulmans sont perplexes ! Le Ciel ne répond pas ! Et la cause de la malédiction qui a frappé la Chine, largement diffusée par les Frères musulmans, n’a pas tenu bon. La propagande des Frères musulmans est tombée à l’eau ! 

Les Chinois n’ont pas baissé les bras devant l’épreuve. Disciplinés. Cultivés. Organisés. Déterminés. Ils ont pu faire face à l’épidémie. En quelques semaines ils ont su comment surmonter la catastrophe. Et tant mieux ! L’espoir arrive de la Chine.

De nouveau, la vie s’est réveillée en Chine, le compte à rebours s’est déclenché, l’économie a bougé, les villes ont commencé à sortir du silence mortifère. L’Algérien, ce même Algérien qui jadis faisait la propagande des Frères musulmans, celui qui trois semaines auparavant insultait les Chinois, espère venir la délivrance universelle humaine et sanitaire de ces Chinois ; les mangeurs de chiens, les soi-disant oppresseurs des Ouïghours ! 

Hypocrisie ou ignorance algérienne ? Mais, quelle grande leçon chinoise !

A. Z, Liberté le 2 Avril 2020

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