Un imam… Une mosquée… Une Fetwa
Ain Benian, 26 Mai 1993.
Il est 9h. Il fait chaud à Alger en cette fin de printemps. Tahar entre dans sa voiture et allume le moteur…
Un jeune homme tapote sur la vitre avant, comme s’il voulait demander quelque chose.
Tahar le regarde, ouvre la fenêtre … deux balles retentissent…
Tahar sombre dans un coma profond, dont il ne se réveillera jamais.
2 juin 1993, Tahar Djaout est enterré. Son esprit, lui, reste. Il reste et restera à jamais…
Éternel Tahar Djaout.
Nous n’oublions pas Tahar…
Nous n’oublions pas non plus,
Cet Imam..
Cette Mosquée …
Cette Fetwa …
Ma Revue De Presse DZ
Kenza, la fille de Tahar Djaout est inconsolable. Matoub Lounes lui écrit un poème et le lui chante…. Kenza
Kenza,
Le ciel pâlit, roule en crue
Le déluge lave les dalles
Les rivières atrocement, mugissent
Les terres d’alluvions coulent en torrent
Du fond de la tombe une supplique remonte
Dans sa douleur hurlante: « Ô mes enfants! »
Du fond de la tombe une supplique remonte
Kenza, ma fille
Endure ce deuil
Nous, succombons sacrifiés
Pour l’Algérie de demain
Kenza, ma fille
Ne pleure pas
Même si le corps se décompose
L’idée ne meurt pas
Même si les cols à franchir sont âpres
À l’épuisement nous trouverons un remède
Même si tant d’étoiles se sont anéantis
Le ciel ne s’anéantira jamais
Kenza, ma fille
Ne pleure pas
La cause de notre trépas
C’est l’Algérie de demain
Kenza, ma fille
Ne pleure pas
Ils ont scellé notre sort depuis longtemps
Avant ces jours de tragédie
Les persécuteurs de la connaissance
Sur notre terre étendent la désolation
Ils ont tué Rachid TIGZIRI
Smail, ils ne l’ont pas manqué
Ils ont tué LIABES et FLICI
BOUCEBSI et tant d’autres encore
Kenza, ma fille
Endure ce deuil
Nous, succombons sacrifiés
Pour l’Algérie de demain
Kenza, ma fille
Ne pleure pas
S’il ne devait n’en rester qu’un
Il nous rappellera le futur
Sur les plaies la croûte apparaîtra
Nous nous dresserons parmi les autres nations
Notre descendance sera nombreuse
Fût-ce dans le giron des épreuves
Kenza, ma fille
Ne pleure pas
Nous, succombons sacrifiés
Pour l’Algérie de demain
Kenza, ma fille
Ne pleure pas
“Dis et meurs !“ : Un 26 mai, Tahar Djaout a dit et est mort !
Lire aussi : J’aimerai bien savoir qui va me tuer / Par Said Mekbel (Texte inédit)
