Le scandale impliquant le détournement de 3000 milliards (centimes) par l’ex-président du FLN Amar Saidani des fonds de la GCA (Générale des concessions agricoles), destinés à l’agriculture, a longtemps été une des affaires les plus emblématiques du système reposant essentiellement sur la corruption instauré par Bouteflika comme mode de gestion et de gouvernance.
Le quotidien El Watan est revenu dans son édition du 28 avril sur cette affaire qui est appelée à être instruite par les enquêteurs de gendarmerie nationale de Bab Jdid.
Comment Amar Sadani qui a commencé sa carrière comme contrebandier à l’Est du pays, un homme qui selon des collaborateurs proches arrive à peine à écrire son nom, a-t-il pu organiser un détournement d’une somme aussi colossale au nez et la barbe de tout le monde ?
Le quotidien évoque deux éléments principaux qui ont permis ce véritable casse constitutionnel et totalement légal selon les lois et les procédures en cours et votés par les députés dans ce pays.
1- La technique
Pour le quotidien : « L’enquête a révélé que le plus gros du financements des projets, soit plus de 3000 milliards de centimes, ont été destinés à des entreprises appartenant à Amar Saadani. »
Techniquement, Nabil, un entrepreneur à Alger, explique à Ma Revue De Presse DZ, que le détournement a été conçu selon un schéma plutôt simple : Amar Sadani, alors président de l’Assemblée nationale (APN), a tout simplement créé des dizaines d’entreprises dotées de plusieurs succursales avec différents objets sociaux portant sur des activités liées à l’agriculture. Du coup, tous les grands marchés étaient raflés par ces entreprises et succursales d’appellations, d’adresses et de fiscalité différentes.
Ainsi, l’entreprise « A » (appartenant à Saidani) prend un marché, elle perçoit 25% d’avance sur sa valeur, puis l’abandonne. L’entreprise A est radiée et n’a plus d’existence fiscale. Interviennent ensuite les entreprises « B », « C » et « D » qui suivant le même schéma vont s’accaparer de toute l’enveloppe du marché.
C’est ainsi qu’après plusieurs opérations, pas moins de 3000 milliards de centimes ont été détournés. Soit : 300 millions de dollars.
2- La logistique
L’autre élément qui a permis ce schéma mafieux n’est autre que les soutiens au plus haut niveau de la hiérarchie politique. Parmi les noms cités par le quotidien : l’ancien ministre de l’agriculture Said Berkat et l’ex-ministre de l’Industrie Abdeslem Bouchouareb. Plus haut dans la hiérarchie mafieuse, le nom d’un certain Said Bouteflika est largement évoqué.
C’est d’ailleurs lui qui, après que l’affaire ait fait du bruit, a évincé Saïd Barkat en 2012, mais l’a vite nommé sénateur du tiers présidentiel, alors que Amar Saadani s’est retrouvé parachuté à la tête du FLN. Les deux responsables étaient ainsi protégés de toute poursuite… Tayeb Louh à la Justice était une autre garantie pour cette impunité.
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