
« J’ai reçu, le 30 mars, à sa demande, le général de corps d’armée à la retraite Mohamed Mediene, qui m’a proposé de présider l’instance de gestion de la période de transition. Il m’a confirmé que cette proposition est le fruit d’un accord avec Said Bouteflika, conseiller à la présidence de la République ».
C’est ce qu’a fait savoir le Général Lyamine Zeroual, dans un communiqué explosif paru, ce mardi 2 avril.
Pour plusieurs observateurs, Lyamine Zeroual confirme, ainsi, que Said Bouteflika est bien celui qui parle au nom de son frère Président et qui prend des initiatives que ne lui accordent pas son statut de conseiller du Président.
Il agit donc en dehors de tout cadre légal, en faisant appel à un homme qui n’a plus aucune fonction officielle au sein de l’Etat pour lui confier une mission d’une haute importance : Mettre en place une structure qui va succéder à Bouteflika et gérer la transition.
Photos ALG24 de la rencontre Zeroual-Toufik, le 30 mars 2019


Pourquoi cet acharnement à vouloir rester ?
Si beaucoup voient dans cet acharnement des Bouteflika, une volonté de rester au pouvoir, d’autres évoquent une stratégie pour négocier un départ sans avoir à rendre de comptes.
Dans son édition de ce mardi 2 avril, le quotidien Suisse Le Temps interrogeait deux avocats, Pascal de Preux et Daniel Trajilovic sur la question de la possibilité de gel des avoirs du président Bouteflika et de sa famille en Suisse.
D’entrée, Maitre Trajilovic rappelle qu’après le Printemps arabe, la Suisse s’est dotée d’une loi pour bloquer à titre préventif les avoirs des « potentats ».
« Quelle que soit l’issue des tractations en cours, la législation suisse offre au Conseil fédéral la possibilité d’intervenir indirectement dans la crise institutionnelle qui frappe l’Algérie, par le blocage des valeurs patrimoniales appartenant au président algérien et à son entourage, en application de la loi fédérale sur le blocage et la restitution des valeurs patrimoniales d’origine illicite de personnes politiquement exposées à l’étranger», écrivent-ils.
Le degré de corruption du pays, un facteur en faveur de l’application de cette loi
D’autant poursuivent les avocats que « Le degré de corruption du pays (Algérie) est avéré ; l’indice de perception de la corruption, établi par Transparency International en 2018, classe l’Algérie parmi les pays les plus corrompus de la planète ».
Toutefois, compte tenu des enjeux, cette loi ne pourrait être effective que « si le pouvoir algérien devait s’atteler à mener une politique répressive contre les manifestants avec les risques d’envenimement et de chaos qu’elle comporte, et que le président Bouteflika revenait sur sa promesse de démissionner ».
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