« Pourquoi diable la candidature d’un prescripteur d’amulettes serait-elle moins crédible que celle d’un poster ? »
Said Sadi / « L’ÉPREUVE DE VÉRITÉ », Le 13 Février 2019
Le constat est juste. Said Sadi, un des acteurs majeurs de la vie politique Algérienne durant de longues années donne dans une longue contribution son avis sur le cirque Algérie. Comme tout bon politicien algérien qui se respecte, c’est à partir de ce grand pays qu’est la France, qu’il réalise ce diagnostic.
Un tableau sombre, très sombre, au couleur de l’Algérie en somme, qui n’offre, en fait, aucune voie de sortie. Aucun espoir. Juste un constat, un autre qui vient s’ajouter aux milliers de constats sur ce pays qui refuse tout changement. Que tout le monde fuit ou finit par fuir… De préférence vers ce si beau et grand pays : LA FRANCE.
Bref… Extrait :
(…)
Spasmes et calculs
Il y a seulement quinze jours, l’Algérie vivait une situation de lévitation constitutionnelle. Un chef d’Etat inaudible et invisible, un conseil de la nation sans président, une assemblée nationale cornaquée par un putschiste, une présidence du conseil constitutionnel vacante et…un chef d’Etat major qui jurait ne pas vouloir faire de politique constituaient l’invraisemblable virtualité politico-administrative du pays. Pour faire bonne mesure, un homme, parachuté à la tête de l’agglomérat qui se présente comme la colonne vertébrale de l’alliance présidentielle décide seul de dissoudre toutes les structures du parti.
Dans cet Etat sans âme ni visage, quatre gredins, dont les bases militantes
effectives ne recouvriraient même pas leur propre famille, sont affectés aux
tâches ménagères, le temps de permettre aux mentors de préparer le décor,
colmater leurs différends et, autant que faire se peut, lustrer le
poster-candidat.
Deux partis de l’opposition, le RCD et le FFS – est-ce vraiment un hasard ? –
ont opposé, chacun à sa façon, un rejet catégorique à un challenge électoral
qu’ils disent n’être, dans les faits, que la reconduction d’un potentat.
Au delà, la classe politique est animée par des bégaiements mimétiques où les
tergiversations fébriles spéculent sur un renversement clanique de dernière
minute qui autoriserait un reclassement dans un moule inamovible.
Exception qui confirme la règle: le parti islamiste MSP. Adepte résolu et
assumé du mouvement des frères musulmans, il se place, comme tous ses congénères
et par principe, au sein de systèmes dont ils connaissent parfaitement la
faille originelle : l’illégitimité. Tactiquement, le frère musulman peut camper
conjoncturellement une posture d’opposant mais sa stratégie reste intangible :
l’entrisme est une approche que rien ne viendra jamais démentir. La démarche a
sa logique et sa méthode.
La logique postule que tôt ou tard la compétition autour du monopole de la
religion tourne en faveur de celui qui s’en prévaut officiellement. La
polémique sur la prière à l’école où le MSP et ses ouailles demandent
l’application d’une constitution qui stipule en son article 2 que l’Islam est
religion de l’Etat vient rappeler les limites des ruses de contorsionnistes
quand on piège les valeurs et principes qui structurent les nations.
Concrètement, la méthode consiste à occuper le moindre espace disponible pour
avancer ses pions en attendant que le fruit tombe.
Pour le reste des prétendants, c’est le brouillard où l’improvisation le dispute à la précipitation. Paradoxalement, ce sont les dizaines de candidats folkloriques, trop vite brocardés, qui illustrent le mieux ce moment historique singulier. Leur grouillante présence dans cette cabale est, au fond, l’expression la plus fidèle de la décomposition du maelström politique algérien. Pourquoi diable la candidature d’un prescripteur d’amulettes (il y en a au moins deux) serait-elle moins crédible que celle d’un poster ?
Quant à ceux qui se présentent en assurant la jouer sérieux, on est consterné
par l’indigence des propositions qu’ils mettent sur la table. Quelques bons
sentiments, des caresses en appelant au nif national et une ou deux idées
aussitôt contredites par une confession contraire donnent la mesure de
l’impréparation à l’exercice d’une fonction aussi éminente que celle dévolue à
une présidence de la République.
La panne perpétuelle
Dans ce lot, un ancien officier supérieur, probablement estimable en tant que personne, assure détenir la solution aux tempêtes qui s’accumulent au dessus de nos têtes. Comme il peine à donner du contenu à ses intentions ou avancer des méthodes à même d’esquisser une feuille de route lisible, des voix spéculent sur des soutiens massifs et actifs dont il bénéficierait dans les rangs de l’armée. Une fois de plus et faute d’être appelé à se déterminer sur des offres politiques, le citoyen est invité à déléguer son libre arbitre aux mystères des sectes qui lui garantiraient ses droits et sa liberté. La roulette russe continue.
(…) Texte intégral :
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